En avril 1994, le Rwanda bascule dans l’horreur. Pendant trois mois, l’armée Hutu, aidée de miliciens et de civils, va massacrer un million de Tutsi. Dix ans après, à travers l’émotion à vif des survivants et des interviews exclusives de représentants des pays occidentaux, ce documentaire révèle la préparation et la spirale folle du génocide des Tutsi, le dernier génocide du XXe siècle.
Pas à pas, cette enquête minutieuse s’interroge sur l’échec de la Communauté internationale à préserver la paix. Malgré les avertissements et les appels au secours des soldats de la paix de l’ONU à Kigali, l’indifférence et la passivité de la Communauté Internationale prévaudront. Coopérant avec le régime rwandais, la France se trouve, quant à elle, impliquée dans la formation et l’entraînement de l’armée et des milices Hutu, les futurs génocidaires de 1994.
Le film démonte la logique d’une collaboration dangereuse et revient sur les questions essentielles : qu’est ce qu’un génocide ? Quelle est la logique de l’ONU au printemps 1994 ? Quel regard portent en 2004 les responsables politiques sur leurs choix de l’époque ? Un document puissant, où investigation, mise en perspective historique et interviews des acteurs-clés de cette tragédie se mêlent aux témoignages poignants des rescapés.
Note d'intention des réalisateurs :
Le silence qui entoure aujourd’hui le génocide rwandais nous est insupportable. Nous avions quinze ans en 1994 lorsque surgirent sur nos écrans de télévision ces images d’apocalypse. Notre éveil au monde coïncide donc plus ou moins avec la découverte de ce mal absolu associé jusque là à la Shoah. Depuis, nous attendons que les media français fassent le lumière sur ce qui s’est réellement passé au Rwanda. En vain.
Le Rwanda demeure pour beaucoup une zone grise de l’humanité, ébranlée par des " massacres interethniques ", marquée à tout jamais par des " haines ancestrales ", frappée du sceau d’une barbarie pré-moderne.
Or le génocide rwandais n’est ni une histoire de sauvages, ni une guerre civile. Il ne s’agit pas d’une énième tragédie africaine.
Un génocide est une entreprise éminemment moderne qui repose sur une organisation centralisée et une idéologie totalitaire exterminatrice. Au Rwanda en 1994, il n’y eut ni massacres spontanés ni anarchie sanglante.
Un génocide a ses bourreaux et ses victimes. L’histoire du génocide rwandais n’est pas celle de la guerre civile qui a opposé un régime ethniste soutenu par la France à une guérilla non-démocratique. Le cercle de fanatiques qui gouvernait le pays s’est appuyé sur cette guerre pour que le racisme rédempteur qui constituait la base idéologique de son pouvoir puisse s’accomplir dans l’extermination des Tutsi du Rwanda.
Notre film pose une série de questions auxquelles il essaie, ou non, de répondre. Quel est le processus politique qui a conduit au génocide ? Pourquoi et comment la France a-t-elle aidé avant, pendant et après le drame les forces qui commirent le génocide ? Comment expliquer l’indifférence du monde alors que le génocide se déroulait en direct sur les écrans de télévision ? Comment devient-on génocidaire ? Que ressentent les victimes ? La vie est-elle possible après un génocide ?
Nous ne sommes ni des procureurs ni des juges. C’est pourquoi, dans un premier temps (celui d’une enquête historique) nous mettrons en scène nos interrogations et nos doutes, et, dans un deuxième temps, nous nous effacerons longuement devant les destins du génocide, incapables de comprendre et désireux de faire sentir au téléspectateur ce que nous avons éprouvé en recueillant ces témoignages d’outre-tombe.